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Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/261

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bijoux, en pelleteries, en étoffes de perse, en armes & en chevaux à plusieurs milliers, sans parler des autres frais qui devoient être encore plus considérables, puisque c’étoit toute la noblesse d’un pays que l’on traitoit avec une magnificence digne des meilleures maisons souveraines. Vraisemblablement le lendemain d’un pareil étalage doit être quelquefois fort triste pour son auteur : mais l’usage prévaut, la raison & les frayeurs de l’indigence n’opposent ici que de foibles barrières au luxe & à la prodigalité. Un monde entier de domestiques, une foule d’équipages, dont ceux d’un maréchal de France ne paroîtroient que l’abrégé, composent ordinairement le cortège d’un nonce ou d’un député au tribunal. De-là il suit que les Polonois, en multipliant coup sur coup leurs besoins, sont perpétuellement mécontens de leur sort, de leur roi & de leurs bienfaiteurs.

3. Par une suite de l’expérience réfléchie qui a conduit le pinceau qui vient de tracer ce tableau général, on doit avouer que la vertu, la candeur, la fermeté, le désintéressement, la générosité sans aprêt & le