Aller au contenu

Page:Les Loisirs du chevalier d'Eon t1.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les hommes. On connoît les systèmes de Machiavel, d’Hobbes & de deux auteurs plus modernes Grotius & Puffendorff, qui tous ont erré en s’éloignant de ce principe. Les deux premiers, sous le vain & faux prétexte que le bien de la société n’a rien de commun avec le bien essentiel de l’homme qui est la vertu, établisent pour seules maximes de gouvernement, la finesse, les artifices, les stratagèmes, le despotisme, la tyrannie, la cruauté, l’injustice & l’irréligion. Les deux derniers ne fondent leur politique que sur des maximes payennes qui n’égalent ni celles de la république de Platon ni celles des offices de Cicéron. Il est vrai que les deux philosophes modernes ont travaillé dans le dessein d’être utiles à la société, & qu’ils ont rapporté presque tout au bonheur de l’homme considéré selon le civil : mais ils ont manqué le grand principe, sur lequel devroient rouler les maximes du gouvernement des princes chrétiens. Pour unir la politique la plus parfaite aux idées de la vertu, il faudroit regarder le monde entier comme une république universelle & chaque peuple comme une grande famille. De ce principe fondamental naîtroient ce que les politiques appellent Les loix de nature & des nations, équitables, géné-