Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/104

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lui. Et ce prodige, chacun peut le voir et il y a là plus de dix mille personnes. Et c’est la vérité sans aucun mensonge, car les savants de nos pays qui sont versés dans la nécromancie vous diront que cela peut bien se faire.

Quand vient la fête de leur idole, ces enchanteurs vont trouver le seigneur. Ils lui disent : « Sire, c’est aujourd’hui la fête de notre dieu » et ils le nomment par son nom. « Vous savez, continuent-ils, qu’il amène du mauvais temps et nuit à vos biens, s’il ne reçoit pas d’offrande. Nous vous prions donc de nous faire remettre tant de moutons à tête noire (et ils indiquent le nombre qui leur plaît). Nous voulons aussi, beau Sire, avoir tant d’encens, tant d’aloés et tant de telle chose et tant de telle autre chose encore (ils en fixent toujours la quantité à leur gré). Nous pourrons ainsi honorer nos dieux et leur faire de grands sacrifices afin qu’ils nous protègent, nous et nos biens. »

Le seigneur leur fait donner tout ce qu’ils désirent. Ils célèbrent alors en l’honneur de leurs idoles une grande fête, avec de grandes illuminations et brûlent toutes sortes de parfums qu’ils fabriquent avec diverses substances.

Sachez que chaque dieu a son nom et son jour de fête, tout comme nous avons, chaque année, les fêtes de nos saints.

Les indigènes ont des monastères et des abbayes aussi grands qu’une petite ville et où résident jusqu’à deux mille moines de leur rite. Ces hommes portent des vêtements plus soignés que ceux du commun : ils ont