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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/123

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aussi beaucoup d’autres apportés par des solliciteurs. Tous ses sujets, idolâtres, musulmans et chrétiens adressent de grandes prières chacun à son Dieu ; il y a des chants, des lumières, de l’encens ; tous demandent à leur Dieu de protéger le grand Khan, de lui donner longue vie, joie et santé.

Au renouveau de l’année, qui arrive pour les Tartares en février, on célèbre la « blanche fête ». Le grand Khan et tous ses sujets, hommes et femmes, petits et grands, mettent une robe blanche. Ils croient, en effet, que les vêtements blancs portent bonheur ; aussi s’habillent-ils en blanc le premier jour de l’année, pour que l’année entière leur apporte joie et prospérité. Ce jour-là, tous les habitants de tous les royaumes et contrées qui obéissent au grand Khan lui font de grands présents d’or, d’argent, de perles, de pierres et d’étoffes précieuses, afin que toute l’année il ait richesse et abondance. Tous se font, de l’un à l’autre, don de choses blanches et s’embrassent avec des témoignages d’allégresse. Le Khan reçoit ce jour-là plus de cent mille chevaux blancs richement harnachés. Tous ses éléphants, qui sont au nombre de cinq mille, sont recouverts de riches parures ; on leur place sur le dos deux corbeilles pleines d’argenterie et d’autres trésors étalés à l’occasion de cette blanche fête. On fait venir aussi quantité de chameaux richement harnachés et chargés d’immenses richesses. Tout le cortège défile devant le grand seigneur : c’est le plus beau spectacle qui soit au monde.

Le matin de la fête, avant que les tables soient dres-