Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/130

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il se fait accompagner de dix mille hommes, ordonnés deux à deux, de manière à occuper au loin toute la plaine. Chacun est muni d’un sifflet et d’un chaperon pour appeler et garder les oiseaux. Lorsque ceux-ci sont lancés, pas n’est besoin de courir par derrière : ils ne sauraient échapper à la vue de cette multitude de surveillants partout disséminés.

Les oiseaux du grand Khan portent au pied une petite tablette où est écrit le nom de leur maître. Les autres seigneurs font de même. De la sorte, quand un oiseau égaré est pris, on le rend à son propriétaire. Si la tablette a disparu, on le remet à un officier appelé bulargusi, c’est-à-dire gardien des choses sans maître.

On lui remet aussi les chevaux, les épées et tout objet dont le propriétaire n’est pas connu. Qui les garderait serait puni par lui. C’est à lui qu’on s’adresse pour rentrer en possession de tout ce que l’on a perdu.

Dans les camps, il s’installe en un endroit apparent et fait hisser son pavillon. De la sorte, tout ce qui se perd est retrouvé et rendu à son maître.

Tandis qu’il se dirige ainsi vers l’Océan, le grand Khan est installé dans un pavillon de bois monté sur le dos de quatre éléphants ; l’intérieur est tendu d’étoffes d’or, le dehors est recouvert de peaux de lion. Avec lui, il a douze de ses meilleurs gerfauts. Plusieurs de ses officiers lui tiennent compagnie. Pendant qu’il devise avec eux, parfois des serviteurs qui l’escortent à cheval lui disent ; « Sire, des grues ». Alors il fait ouvrir son pavillon et les aperçoit : aussitôt il choisit tel gerfaut qu’il lui plaît et lui donne son vol. Souvent