Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/131

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l’oiseau atteint les grues et les abat sous ses yeux.

C’est ainsi qu’il se divertit, étendu sur son lit, et les barons qui l’entourent prennent leur part de ses plaisirs. Je vous déclare en vérité que personne n’a jamais existé ni, je pense, n’existera qui puisse égaler cet homme dans sa puissance et dans ses divertissements.

Le grand Khan arrive enfin à l’endroit où l’attendent ses fils et ses courtisans. Leurs tentes sont au nombre de dix mille, toutes riches et belles. Celle où lui-même tient sa cour est assez vaste pour abriter mille personnes. La porte en est tournée vers le midi ; dans une première pièce se tiennent les barons et les chevaliers ; à l’ouest, une pièce contiguë sert de résidence au grand Khan. Quand il veut parler à un courtisan, il l’envoie chercher.

Derrière cette salle d’apparat, il a sa chambre à coucher.

Chaque salle repose sur trois colonnes de bois, la toile est recouverte de peaux de tigre et ne craint ni la pluie ni le vent. L’intérieur est garni d’hermine et de zibeline, car ce sont les fourrures les plus belles et les plus riches. Une peau de zibeline vaut deux mille ou, au moins, mille livres d’or. Les Tartares l’appellent la reine des fourrures. Les tentes sont toutes soutenues par des cordes de soie. Leur valeur est si grande qu’en vérité un roi ne pourrait les payer.

Autour de la tente du Khan s’en dressent un grand nombre d’autres, toutes belles et bien ordonnées. Les unes contiennent les armes du seigneur et de sa suite, d’autres abritent les oiseaux et leurs servi-