Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hôtellerie riche et spacieuse est installée pour les recevoir avec des lits, des draps de soie et tout ce dont les voyageurs ont besoin. Si un roi y venait, il y serait dignement logé. Ces postes abritent jusqu’à quatre cents chevaux. À chaque relai de 75 ou de 50 mille, il y a une poste semblable, c’est ainsi que les messagers du Khan voyagent sur les grandes routes. Quand ils franchissent des endroits déserts, ils y trouvent encore des postes établies sur l’ordre du grand Khan, elles sont seulement plus éloignées ; l’intervalle qui les sépare est de trente-cinq à quarante-cinq milles. Mais elles sont pourvues de chevaux et d’approvisionnements, si bien que les courriers du prince, dans tous les pays où ils circulent, ne manquent de rien. C’est bien le signe le plus certain de grandeur et de puissance qui ait été vu jusqu’ici. Jamais empereur, roi ou seigneur ne posséda une telle richesse. Sachez qu’en vérité les postes, qui sont au nombre de dix mille, abritent plus de trois cent mille chevaux réservés aux messagers du grand Khan. La chose est si merveilleuse qu’à peine peut-on l’écrire.

Je vous en conterai encore une autre que j’avais oubliée. Sur toutes les routes, le grand Khan a fait bâtir, entre les postes de chevaux, à des intervalles de trois milles, de petites tours entourées de quarante maisons, où logent des hommes qui portent à pied des messages de la façon suivante. Chacun d’eux est muni d’une ceinture garnie de clochettes que l’on entend au loin quand il se déplace. Il part et court de toute sa force pendant les trois milles qui le séparent