Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/150

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Ils restèrent ainsi deux ans près de lui, en hommes étrangers à toute pensée de trahison. Un jour, le roi partit pour une partie de plaisir. Il les emmena avec un petit nombre de serviteurs, car ils avaient toute sa confiance. Quand leur troupe eut traversé une rivière qui coulait à un mille de la forteresse, ils se dirent que le moment était venu d’exécuter leur projet. Mettant l’épée à la main, ils sommèrent le roi de les suivre ; sinon, ils le tueraient. Le roi, tout étonné et saisi de peur, leur dit :

« Que faites-vous ? où voulez-vous m’emmener ?

— Que vous le vouliez ou non, vous viendrez avec nous jusqu’auprès de notre maître, le Prêtre Jean. »

En entendant ces mots, le roi entra dans une grande affliction :

— « Pour Dieu, supplia-t-il, ayez pitié de moi. Vous savez que dans mon palais je vous ai chéris et comblés d’honneurs, et voilà que vous voulez me livrer à mon ennemi. Si vous le faites, vous commettrez une action mauvaise, déloyale et honteuse ».

Ils lui répondirent qu’il fallait qu’il en fût ainsi et ils le conduisirent au Prêtre Jean.

Quand celui-ci le vit, il fut tout joyeux.

« Sois le mal venu ! » s’écria-t-il.

Le roi d’Or ne répondit rien. Alors le Prêtre Jean commanda qu’on le prît et qu’on le mît à garder les troupeaux. Il voulait ainsi l’humilier et lui montrer son néant.

Le roi d’Or passa deux ans à garder les troupeaux. Au bout de ce temps, le Prêtre Jean le fit venir devant