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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/153

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CHAPITRE XXXI

Les merveilles du Thibet

La province de Thibet a été ravagée pendant les guerres de Mangon Khan. On y trouve un grand nombre de villes et de forteresses en ruines. Il y pousse des bambous gros de trois paumes et longs de quinze pieds. L’intervalle entre chaque nœud est de trois paumes. Les marchands et autres voyageurs qui passent la nuit dans cette région prennent ces bambous et en font de grands feux ; ils brûlent avec un bruit si formidable que les lions, les ours et toutes les bêtes sauvages sont effrayés et s’enfuient au loin, sans oser approcher. Ainsi les voyageurs se protègent, eux et leurs animaux, contre les bêtes sauvages qui pullulent dans ces contrées dévastées, car elles s’y sont multipliées depuis que les hommes y ont été détruits. Sans ces bambous, personne ne se risquerait à traverser ces solitudes.

On les cueille verts et on en jette plusieurs à la fois dans le feu. Au bout de quelque temps, l’écorce se fend ; le bruit qu’elle fait en éclatant s’entend, la nuit, jusqu’à dix milles. Ceux qui n’y sont pas habitués ne pourraient le supporter sans s’évanouir ou