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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/161

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CHAPITRE XXXIV

Les enchanteurs de Lardandan

Dans la province de Lardandan[1] les gens ont tous les dents dorées, car ils les recouvrent de lamelles d’or, celles de dessous aussi bien que celles de dessus. Les hommes ne font que guerroyer, chasser et oiseler. Les femmes et les esclaves exécutent tous les travaux.

Les habitants se nourrissent de riz et de viande crue ou cuite. Ils fabriquent une excellente boisson avec du riz relevé d’épices. Leur monnaie est d’or, mais ils se servent aussi de coquillages. Chez eux, l’or ne vaut que cinq fois son poids d’argent, car il n’existe pas de mine de ce métal à moins de cinq mois de marche. Aussi beaucoup de marchands viennent-ils dans ce pays changer de l’argent contre de l’or. C’est un commerce très lucratif.

Les indigènes n’ont pas d’église, ils adorent l’ancêtre de leur famille. Ils ne savent ni lire ni écrire ; leur pays est écarté, plein d’endroits sauvages, de grands bois et de hautes montagnes : l’air y est si corrompu qu’aucun étranger n’y peut vivre. Quand les habitants concluent un marché, ils prennent un morceau de bois rond ou carré et le fendent en deux. Sur chaque moitié,

  1. Kin-Tchi, dans le Yun-nan, à la frontière actuelle de l’Indo-Chine.