Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/162

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ils font deux ou trois encoches. Au moment du paiement, le débiteur reprend son morceau de bois.

Dans ces contrées, il n’y a pas de médecin. Si quelqu’un tombe malade, il fait venir les enchanteurs. Ils arrivent et questionnent le patient sur son mal. Ensuite ils jouent de la musique, puis se mettent à chanter et à sauter. Ils sautent ainsi jusqu’à ce que l’un d’eux tombe à terre, inanimé et semblable à un mort : c’est que le diable lui est entré au corps. Quand ses compagnons le voient en cet état, ils l’interrogent sur la nature de la maladie. L’autre leur répond :

« C’est tel esprit que le patient a irrité et qui se venge. »

Alors les enchanteurs :

« Nous te supplions de lui pardonner et de lui rendre la santé, en prenant de son sang ou de ses biens tout ce qu’il te plaira. »

Parfois l’enchanteur répond :

« Le malade a très gravement offensé tel esprit et celui-ci est si méchant qu’il ne lui pardonnera pour rien au monde. »

Ces mots indiquent que le malade mourra.

Au contraire, s’il doit guérir, l’enchanteur ordonne de prendre deux ou trois moutons, et aussi de fabriquer avec des épices très chères plusieurs breuvages de goût exquis. Il faut que les moutons aient la tête noire ou une autre couleur désignée. Breuvages et moutons seront offerts à l’esprit qu’on évoquera, en présence d’un certain nombre d’enchanteurs et de