Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/166

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mettre pied à terre, d’attacher leurs chevaux aux arbres de la forêt, et de se servir de leurs arcs, arme qu’ils savent mieux manier qu’aucun autre peuple. Ils obéirent et, criblant de flèches les éléphants qui avançaient, ils en tuèrent ou en blessèrent un grand nombre, ainsi que beaucoup des soldats qui se trouvaient dans les tours de bois. Ceux-ci tiraient bien aussi sur les Tartares, mais ils étaient moins adroits et leurs arcs étaient moins bons.

La douleur affola les éléphants, sur qui les flèches pleuvaient sans répit. Ils tournèrent le dos et prirent la fuite : pour rien au monde, on ne les aurait fait avancer contre les Tartares. Ils fuyaient avec tant de bruit et de confusion qu’il semblait que le monde allait s’écrouler. Ils entrèrent dans la forêt, courant ça et là, rompant les traits, brisant les tours, détruisant tout.

Alors les Tartares remontèrent à cheval et abordèrent l’ennemi. Un combat très dur commença. Les adversaires s’attaquaient avec acharnement et échangeaient de grands coups d’épée et de massue. Les soldats du roi étaient plus nombreux, mais moins braves et moins entraînés ; sans cela, les Tartares, qui n’étaient qu’une poignée d’hommes, n’auraient pu soutenir le choc. Là périrent en grand nombre cavaliers, chevaux et fantassins ; on tranchait bras, mains, cuisses et têtes : la cohue était si épaisse que beaucoup tombaient à terre et ne pouvaient se relever. Si forts étaient les cris et le tumulte qu’on n’eût pas entendu Dieu tonner. La mêlée était très cruelle et très san-