Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/17

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pas aux chefs occidentaux contre les princes musulmans ? Dès 1245, Innocent IV envoie Duplan Karpin vers Djengis-Khan et M. Pelliot a récemment découvert dans les archives du Vatican l’origine du traité conclu à cette occasion avec le conquérant. À Rome, on étudie un projet qui unirait dans une action concertée contre les Mamelucks d’Égypte les monarques d’Europe et les souverains mongols de Perse. En 1248, Saint Louis, à Chypre, reçoit une ambassade qui a trait à ce dessein.

On ne s’en tient pas à l’alliance politique. Aucune haine religieuse ne sépare les princes mongols des chrétiens. Ils sont sans fanatisme. La papauté les considère du même œil que jadis, au temps des invasions, elle considéra les rois germains. Pourquoi ne les convertirait-elle pas ? Elle leur envoie des missionnaires qui transportent avec eux des ornements d’église, des autels, des reliques « pour voir, dit Joinville, s’ils pourraient attirer ces peuples à notre croyance ». Jadis les chrétiens nestoriens ont déposé dans l’Asie centrale des germes de foi. La semence n’a pas disparu. Quand le moine Rubruk, envoyé par Saint Louis, arrive en 1350 à Khara-Kharoum, capitale des Mongols, il aperçoit, non loin du palais du souverain, un édifice surmonté d’une petite croix. « Alors, dit-il, je fus au comble de la joie et, supposant qu’il y avait là quelque communauté chrétienne, j’entrai avec confiance et je trouvai un autel magnifiquement orné. On voyait, sur des étoffes brodées d’or, les images du Sauveur, de la Sainte Vierge, de Saint Jean-Baptiste