Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/18

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et de deux anges dont le corps et les vêtements étaient enrichis de pierres précieuses. Il y avait une grande croix en argent, ayant des perles au centre et aux angles ; une lampe à huit jets de lumière brûlait devant l’autel. Dans le sanctuaire était assis un moine arménien maigre, basané, revêtu d’une tunique grossière qui lui allait à mi-jambes. Par dessus, il portait un manteau noir fourré de soie. » Rubruk raconte qu’il trouva dans ces contrées un grand nombre de chrétiens qui pratiquaient leur culte en toute liberté.

Les imaginations s’exaltent. Les faits se déforment et s’amplifient. On en vient à croire qu’il existe quelque part, en Asie, un puissant monarque chrétien. La légende du prêtre Jean naît et se répand dans tout l’Occident.

S’il y a dans ces vues une grande part de chimères, une réalité demeure, qui sert admirablement les intérêts commerciaux : étendue aux tribus nomades de l’Asie centrale, la domination mongole leur imposait une discipline qu’elles n’avaient jamais connue ; elle réfrénait par la crainte d’un rude châtiment leurs instincts pillards. Pour la première fois, les caravanes marchandes pouvaient espérer quelque sécurité. Tous les explorateurs s’accordent à dénoncer comme le plus redoutable des obstacles qu’ils rencontrent les querelles entre petits chefs. Elles empêchent les voyageurs d’avancer et, lorsqu’ils se décident à poursuivre malgré tout leur route, les exposent aux pires avanies. L’autorité suprême du souverain mongol, du grand Khan, du grand seigneur, supprimait les effets de ces