Aller au contenu

Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XL

Le royaume de Manzi

La province de Manzi[1] avait jadis des rois que l’on appelait Facfur[2]. C’étaient de puissants souverains : ils possédaient d’immenses richesses, de nombreux sujets, de vastes territoires. Personne dans le monde entier ne dépassait leur puissance, sinon le grand Khan.

Mais le peuple de ces contrées n’aimait point la guerre et ne songeait qu’aux plaisirs. Il en était de même des rois : ils passaient leur vie dans la mollesse ; leur grand mérite était d’être secourables aux pauvres. Dans toute la province, on n’eût point trouvé un cheval ; les habitants ne savaient ni s’armer ni combattre, ils se fiaient sur leurs défenses naturelles, car toutes leurs villes, sont entourées de fossés pleins d’une eau profonde et plus larges qu’une portée de trait. Pour peu qu’ils se fussent adonnés aux armes, ils eussent gardé leur pays, mais leur mollesse les perdit.

En l’an 1268 du Christ, le grand Khan qui règne actuellement chargea un de ses officiers Baïan Cincsan[3], ce qui signifie Baïan aux cent yeux, de con-

  1. Chine méridionale.
  2. Fils du Ciel.
  3. Pe-Yen.