Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/193

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garni de lames d’or épaisses de deux doigts et aussi les fenêtres. Ce palais dépasse toute estimation. On trouve aussi dans l’île des pierres précieuses.

Koubilaï Khan, ayant entendu parler des immenses richesses de Sypangu, résolut d’en faire la conquête. Il confia cette mission à deux généraux, Abacan et Jousaichin[1]. Il leur donna une flotte puissante et une armée nombreuse. C’étaient deux chefs prudents et courageux. Ils s’embarquèrent à Cayton et dans le Quinsay. Après une longue navigation, ils atteignirent l’île et s’emparèrent de la plaine et des villages, mais sans pouvoir emporter ni une ville ni une citadelle. Alors leur advint un grand malheur.

Un vent violent du Nord souffla et causa d’immenses dégâts dans l’île, ou il n’y a que peu de ports. La force de la tempête fut telle que les navires ne pouvaient résister. Alors les Tartares craignirent de voir leur flotte détruite. Ils se rembarquèrent et mirent à la voile. Après avoir navigué quelque temps, ils rencontrèrent une petite île. La tempête les jeta contre la côte et une grande partie de l’armée périt. Trente mille hommes environ échappèrent au désastre. Ils se jugeaient perdus, car ils n’avaient point de vivres et l’île était déserte. Ils voyaient avec anxiété quelques uns de leurs navires, qui s’étaient sauvés, se diriger à force de voiles vers la terre ferme sans même essayer de revenir. C’est que les deux généraux qui commandaient l’armée se haïssaient et se jalousaient : aussi celui

  1. A-tha-thaï et Fan Wen-hou.