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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/194

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qui s’était sauvé ne tenta pas de retourner auprès de son compagnon resté dans l’île. Pourtant il lui aurait été facile de revenir quand la tempête fut calmée, et elle dura peu. Mais il ne le fit pas et regagna directement son pays.

Le roi de la grande île apprit que trente mille hommes échappés à la tempête s’étaient réfugiés dans la petite île et que le reste de la flotte était en fuite. Tout joyeux, il rassembla tous ses navires et se dirigea vers l’îlot. Les Tartares s’aperçurent que leurs ennemis débarquaient et, en hommes de peu d’expérience, ne laissaient personne pour garder leur flotte. Faisant mine de s’enfuir, ils coururent aux navires ennemis, s’en emparèrent sans coup férir et y montèrent. Alors, mettant à la voile, ils cinglèrent vers la grande île, y descendirent et, portant les drapeaux et les insignes du roi, se présentèrent devant la capitale. Sans défiance et trompés par la vue des étendards, les habitants les laissèrent entrer. Aussitôt les Tartares s’emparèrent de la ville et en chassèrent les habitants.

Cependant le roi et les siens, étant montés sur quelques navires, regagnèrent leur île et vinrent assiéger leurs ennemis dans la capitale. Les Tartares résistèrent sept mois, ils combattaient jour et nuit aussi vaillamment que si le grand Khan eût été au courant de leurs exploits, mais leurs efforts étaient inutiles, car ils ne pouvaient informer leur maître. Enfin ils se rendirent et eurent la vie sauve contre promesse de ne jamais quitter l’île. Cet événement arriva en l’an 1279 du Christ. Le grand Khan fit trancher la tête au général