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Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/214

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CHAPITRE LIII

Coutumes et superstitions


À Maabar, les indigènes ont pour tout vêtement un lambeau d’étoffe. Le roi n’est pas plus vêtu que ses sujets ; mais il porte un collier de rubis, de saphirs, d’émeraudes et d’autres pierres précieuses. Sur sa poitrine pend un chapelet de cent quatre grosses perles attachées à un mince fil de soie. Chaque jour, en effet, il doit réciter cent quatre prières à ses dieux. Il a, en outre, aux bras, aux jambes et aux pieds des bracelets d’or enrichis de perles et de pierres précieuses. Il porte ainsi sur sa personne la valeur d’une ville entière et ce n’est pas étonnant, puisqu’il tire toutes ces richesses de son royaume.

Quand le roi meurt, on fait brûler son corps. Ses fidèles se jettent dans le bûcher, où ils sont consumés avec lui. Ils disent qu’ayant été ses compagnons ici-bas, ils doivent le suivre dans l’autre monde. Aucun des enfants du roi défunt ne touche au trésor qu’il laisse. « Notre père, disent-ils, a amassé un trésor ; il nous faut, nous aussi, en amasser un. » Aussi existe-t-il dans le royaume beaucoup de trésors.

Dans cette contrée, quand un criminel est condamné à mort, il déclare souvent qu’il veut se tuer en l’honneur d’une divinité. Le juge y consent. Alors les parents