Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les amis du condamné le placent sur un char, lui mettent en main douze poignards et le promènent par la ville en criant : « Ce héros veut se sacrifier en l’honneur de tel dieu. » Arrivé au lieu du supplice, l’homme saisit un poignard et s’en traverse le bras : « Je me tue, s’écrie-t-il, pour l’amour de tel dieu. » Il prend ensuite un second poignard et se transperce l’autre bras, puis un troisième, qu’il s’enfonce dans la poitrine. Il fait tant qu’il expire. Alors les parents prennent le corps et le brûlent en grande cérémonie avec des démonstrations de joie.

Beaucoup de femmes, si leur mari vient à mourir, se précipitent dans son bûcher. Et leur conduite est louée par tout le monde.

De nombreux habitants adorent le bœuf ; ils disent que c’est un excellent animal et pour rien au monde ne voudraient ni en tuer un ni manger de sa chair. Il y a une espèce d’hommes que l’on appelle Govy ; ils refusent, eux aussi, de tuer un bœuf, mais si un de ces animaux périt, ils en consomment la chair.

Le roi, ses courtisans et tous ses sujets, grands et petits, ne s’assoient que sur la terre nue. Il est très honorable, expliquent-ils, de s’asseoir sur la terre, puisque nous en sommes tous sortis et que nous devons tous y retourner. Ainsi ne saurait-on trop la respecter et nul n’a le droit d’en faire mépris.

Les indigènes vont au combat sans lance ni bouclier. Ce sont de très mauvais soldats. Ils ne tuent ni bête, ni oiseau, ni aucun être vivant ; les animaux dont ils consomment la chair, ils les font tuer par les Musul-