Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/24

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nouer des relations politiques et commerciales dont eux-mêmes profiteraient à coup sûr et peut-être, avec eux, toute la chrétienté ! Les circonstances les favorisèrent. S’ils étaient curieux de connaître les choses de Chine, l’empereur mongol ne l’était pas moins de connaître celles d’Europe. Des voyageurs comme les Polo, bien informés et intelligents, seraient en mesure de lui apprendre beaucoup. Jamais Latins n’avaient poussé aussi avant. Amener ceux-ci à la cour du souverain, c’était faire acte de bon et utile serviteur. Les ambassadeurs pressentirent donc les frères Polo :

— Si vous voulez nous croire, nous vous donnerons belle occasion de gloire et de profit.

Les Vénitiens, subtils diplomates, se gardèrent bien de laisser voir qu’ils devinaient la pensée de leurs interlocuteurs, surtout de révéler la leur et leur secret désir. Ils se contentèrent d’affirmer leur confiance, invitant les ambassadeurs à s’exprimer avec clarté.

— Jamais, poursuivirent les Mongols, jamais le grand Khan n’a vu homme de race latine et il désire grandement en voir. Venez avec nous jusqu’à sa Cour. Soyez bien convaincus qu’il vous recevra avec joie et vous comblera de présents et de marques d’honneur. En notre compagnie, votre sécurité sera complète : personne n’oserait vous molester.

Les deux frères eussent recherché une telle proposition si on ne la leur eût pas faite. Ils mirent à l’accepter tout juste assez d’hésitation pour persuader les ambassadeurs qu’ils cédaient surtout au désir de leur complaire et de complaire au grand Khan.