Page:Les Merveilleux Voyages de Marco Polo, éd. Turpaud, 1920.djvu/27

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Sans doute, depuis deux ans déjà, Michel Paléologue, restaurant la grandeur grecque autant qu’elle pouvait être restaurée, avait détruit l’empire latin de Constantinople, mais les frères Polo, qui erraient depuis neuf ans sur les routes d’Asie, ne savaient rien de ces événements. Roulant en tête les plus vastes projets, ils prirent congé de Khoubilaï et se mirent en route vers l’Europe. Cette fois, ils n’avaient plus rien à craindre : le grand Khan leur avait remis une tablette d’or où était gravé l’ordre de leur procurer, sous peine de mort, tout ce qui était utile pour leur voyage. Partout où ils passaient, il leur suffisait de montrer leur tablette pour être aussitôt servis, honorés et pourvus de tout en abondance.

Ils chevauchèrent ainsi pendant trois ans sans sortir des territoires soumis à l’autorité de Khoubilaï. La durée de leur voyage semble, à première vue, incroyable. Elle s’explique pourtant : ils allaient à petites journées et, quand venait l’hiver, ils s’arrêtaient pendant des mois entiers. On peut d’ailleurs penser que les Vénitiens ne manquaient pas de commercer chemin faisant. Ils arrivèrent enfin à Aïas, sur le golfe d’Alexandrette. S’étant rendus de là à Saint-Jean d’Acre, ils y apprirent que le Pape Clément IV était mort. En attendant qu’un successeur lui fût désigné, ils s’en furent à Venise d’où ils étaient restés absents près de quinze ans. La femme de Nicolo Polo était morte, mais lui avait laissé un fils, Marco, qui entrait dans sa quinzième année. Nicolo et Matteo séjournè-