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II
NOTICE

Les contes de fées doivent procéder des contes orientaux ; ils sont, quoi qu’il en soit, beaucoup plus jeunes, car on ne fait remonter leur origine qu’au Roman de Lancelot du Lac, c’est-à-dire à la fin du XIIe siècle. Ajoutons, et ce sans vouloir tenter de rien enlever de leurs charmes aux contes de fées, que les contes orientaux ont toujours la préférence chez les lecteurs sortis de l’enfance. Cette préférence est évidemment due, non seulement au style coloré et aux intéressantes descriptions de ces derniers récits, mais encore aux intrigues amoureuses qu’ils contiennent.

C’est sur la croyance aux génies que les Orientaux ont basé tous leurs contes. Tous les actes qu’ils leur prêtent ici sont d’ailleurs ceux que, dans la vie réelle, ils leur reconnaissent le pouvoir d’exécuter. Aussi demanderons-nous à nos lecteurs la permission de les entretenir brièvement de ces personnages fantastiques.

Les Orientaux désignent les bons génies sous le nom de péris, et les mauvais génies sous celui de djinns[1].

Les péris habitent dans les régions éthérées un pays appelé Ginnistan. Ils ne se nourrissent que du suc des fleurs, d’essences et de parfums, et ils surpassent en beauté tous les autres êtres surnaturels. Nos poètes ne nous parlent guère que des péris femelles ; mais les Orientaux ont des péris de l’un et de l’autre sexe.

Quand ces génies descendent sur la terre, ce n’est que pour se livrer à de bonnes actions. Il leur arrive bien cependant de venir y chercher des distractions amoureuses auprès des beautés humaines ; mais cela ne leur est point imputé à crime par les Orientaux.

Les djinns ou mauvais esprits sont divisés en quarante

  1. Péri vient du persan pari, ailé. Djinn, mot arabe, paraît une autre forme du latin genius, génie. Le Persan donnent presque toujours aux djinns le nom de dives.