Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LES MILLE ET UN JOURS

remplie de pièces d’or. J’achetai, par ordre de la dame, des habits pour elle et pour moi, avec quelques esclaves pour nous servir…

VII

Je passais dans le quartier pour frère de la dame, et je vivais avec elle comme si je l’eusse été véritablement, quoique ce fût une fort belle personne. Dardané occupait sans cesse ma pensée, et loin de me livrer à de nouvelles amours, je voulus plus d’une fois quitter la dame ; mais elle me priait de ne la point abandonner. « Attends, jeune homme, me disait-elle, j’ai encore besoin de toi pour quelque temps. Je t’apprendrai bientôt qui je suis, et je prétends bien reconnaître les services que tu m’as rendus. »

Je demeurai donc toujours avec elle, et je faisais par pure générosité tout ce qu’elle exigeait de moi. Quelque envie que j’eusse de savoir pourquoi elle avait été assassinée, il ne me fut pas possible de l’engager à me le dire. J’avais beau lui donner souvent l’occasion de me conter son histoire, elle gardait là-dessus un profond silence, au lieu de satisfaire ma curiosité.

« Va, me dit-elle un jour en me présentant une bourse pleine de sequins, va trouver un marchand nommé Namahran. Dis-lui que tu veux acheter de belles étoffes. Il t’en montrera de plusieurs sortes. Choisis-en quelques pièces et paye-les-lui sans marchander. Fais-lui ensuite bien des civilités, et apporte-moi les étoffes. »