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CONTES ORIENTAUX

Je m’informai de la demeure de Namahran ; on me l’enseigna. Il était assis dans sa boutique. Je vis un jeune homme de fort belle taille, qui avait de petits cheveux crépus et plus noirs que du jais. Il avait de beaux pendants d’oreilles et de gros diamants à tous ses doigts. Je m’assis auprès de lui ; je demandai des étoffes, il m’en fit voir plusieurs pièces ; j’en choisis trois, il y mit le prix ; je lui comptai l’argent. Je me levai, et après avoir pris congé de lui fort civilement, je fis emporter les étoffes par un esclave qui me suivait.

Deux jours après, la dame me donna encore une bourse et me dit de retourner chez Namahran pour y acheter d’autres étoffes. « Mais souvenez-vous, ajouta-t-elle, qu’il ne faut point marchander. Quelque chose qu’il vous demande, ne manquez pas de le lui donner. » D’abord que ce marchand me vit venir chez lui, et qu’il sut ce qui m’amenait, il étala devant moi ses plus riches étoffes. Je m’arrêtai à celles qui me plurent ; et quand il fut question de payer, je jetai ma bourse en disant à Namahran de prendre ce qu’il voudrait. Il fut charmé de ce procédé noble : « Seigneur, me dit-il, ne pourriez-vous pas un jour me faire l’honneur de venir dîner chez moi ? — Très volontiers, lui répondis-je, et ce sera dès demain, si vous le souhaitez. » Le marchand me témoigna que je lui ferais beaucoup de plaisir.

Quand j’appris à la dame que Namaharan m’avait invité à dîner chez lui, elle en parut transportée de joie. « Ne manquez pas d’y aller, me dit-elle, et de le prier de venir ici demain. Dites-lui que vous voulez le régaler à votre tour. J’aurai soin de faire préparer un superbe festin. » Je ne savais ce que je devais penser des mouvements de joie qu’elle laissait éclater. Je