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CONTES ORIENTAUX

demanda conseil. « Sire, lui dit le ministre, la somme qu’il vous offre est si considérable, que c’est avoir trouvé un véritable trésor. Renvoyez ce jeune homme ; qu’il vive avec sa magnificence ordinaire ; qu’il ait soin seulement d’être exact à tenir la parole qu’il donne à votre majesté. » Le roi suivit ce conseil. Il me fit bien des caresses, et depuis ce temps-là, suivant nos conventions, je paye tous les ans, tant à lui qu’au vizir et au lieutenant de police, plus d’un million soixante mille sequins d’or. Voilà, seigneur, ce que vous souhaitiez d’apprendre. Vous ne devez plus être surpris des présents que je vous ai faits, ni de tout ce que vous avez vu chez moi. »

Lorsqu’Aboulcasem eut achevé le récit de ses aventures, le calife, animé d’un violent désir de voir le trésor, lui dit : « Est-il possible qu’il y ait au monde un trésor que votre générosité ne soit pas capable d’épuiser bientôt ? Non, je ne le puis croire, et si ce n’était pas trop exiger de vous, seigneur, je demanderais à voir celui que vous possédez, en vous jurant par tout ce qui peut rendre un serment inviolable, que je n’abuserai point de votre confiance. »

Le fils d’Abdelaziz parut affligé du discours du calife : « Je suis fâché, seigneur, lui dit-il, que vous ayez cette curiosité. Je ne puis la satisfaire qu’à des conditions fort désagréables. — N’importe, s’écria le prince, quelles que puissent être ces conditions, je m’y soumets sans répugnance. — Il faudra, reprit Aboulcasem, que je vous bande les yeux et que je vous conduise, vous, sans armes et la tête nue, et moi, le cimeterre à la main, prêt à vous frapper de mille coups mortels, si vous violez les lois de l’hospitalité. Je sais bien, ajouta-t-il, qu’on peut m’accuser d’imprudence, et que je ne devrais point céder à votre