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CONTES ORIENTAUX

le moment. Il fut assez surpris d’avoir fait une pareille pêche ; et comme il s’aperçut que je respirais encore, il me porta dans sa maison, où par ses soins, rappelée à la vie, je lui contai ma déplorable histoire. Il en parut effrayé ; il eut peur que le sultan d’Égypte n’apprit qu’il m’avait sauvée. Aussi, craignant de perdre la vie pour avoir conservé la mienne, il se hâta de me vendre à un marchand d’esclaves qui partait pour Bagdad. Ce marchand m’amena dans cette ville, et me présenta peu de temps après à la princesse Zobéide, qui m’acheta. »

Tandis que l’esclave parlait, le calife la considérait attentivement, et la trouvant d’une beauté charmante : « Aboulcasem, s’écria-t-il dès qu’elle eut cessé de parler, je ne suis plus surpris que vous ayez toujours conservé le souvenir d’une si belle personne. Je rends grâce au ciel de l’avoir conduite ici pour me donner de quoi m’acquitter envers vous. Dardané n’est plus esclave, elle est libre. Je crois, madame, ajouta-t-il en se tournant vers Zobéide, que vous ne vous opposerez point à sa liberté. — Non, seigneur, répondit la princesse, j’y souscris avec joie, et je souhaite que ces deux amants goûtent les douceurs d’une longue et parfaite union après les malheurs qui les ont séparés.

— Ce n’est pas tout, reprit Haroun, je veux que leur mariage se consomme dans mon palais, et qu’on fasse pendant trois jours des réjouissances publiques dans Bagdad. Je ne saurais traiter trop honorablement mon hôte de Basra. — Ah ! seigneur, dit Aboulcasem ; en se jetant aux pieds de l’empereur, si vous êtes au-dessus des autres hommes par votre rang, vous l’êtes encore plus par votre générosité. Permettez que je vous découvre mon trésor et vous en abandonne dès