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LES MILLE ET UN JOURS

vous présente mon hôte de Basra. » Le jeune homme se prosterna aussitôt devant cette princesse, la face contre terre. Mais tandis qu’il était dans cet état, on entendit tout à coup du bruit parmi les esclaves. Celle qui venait de chanter avait jeté les yeux sur Aboulcasem, fit un grand cri et s’évanouit.

XVI

L’empereur et Zobéide se tournèrent aussitôt du côté de l’esclave, et le fils d’Abdelaziz s’étant relevé la regarda aussi ; mais il ne l’eut pas envisagée, qu’il tomba en faiblesse. Ses yeux se couvrirent de ténèbres ; une pâleur mortelle se répandit sur son visage. On crut qu’il allait mourir. Le calife, prompt à le secourir, le prit entre ses bras et le fit peu à peu revenir de son évanouissement.

Lorsque Aboulcasem eut repris ses esprits, il dit au prince : « Commandeur des croyants, vous savez l’aventure qui m’est arrivé au Caire. Cette esclave que vous voyez, est la personne qui a été jetée avec moi dans le Nil : c’est Dardané. — Est-il possible ? s’écria l’empereur. Le ciel soit à jamais béni d’un si merveilleux événement ! »

Pendant ce temps-là l’esclave, par le secours de ses compagnes, reprit aussi l’usage de ses sens. Elle voulut se prosterner aux pieds du calife qui l’en empêcha, et lui demanda par quel miracle elle était encore en vie après avoir été précipitée dans le Nil. « Commandeur des croyants, dit-elle, j’allai donner dans les filets d’un pêcheur, qui par hasard les retira dans