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CONTES ORIENTAUX

C’est ainsi que raisonnait la fils d’Abdallah, et suivant ce principe, il suivait son penchant sans contrainte. Un jour qu’il sortait du palais, il rencontra une vieille femme couverte d’un voile des Indes, lié de rubans et de bandeaux de soie. Elle avait un gros collier de perles, un bâton à la main, et cinq esclaves aussi voilées l’accompagnaient. Il s’approcha de la vieille et lui demanda si ces esclaves étaient à vendre. « Oui, » dit la vieille. Il leva aussitôt leurs voiles et vit que ces esclaves étaient jeunes et belles. Il en trouva surtout une fort agréable. « Vendez moi celle-ci, dit-il à la vieille, elle me plaît. — Non, lui répondit-elle, je ne veux pas vous la vendre. Vous me paraissez un galant homme. Il vous en faut une plus belle. J’en ai d’autres dans ma maison. J’ai des filles turques, grecques, esclavones, ioniennes, éthiopiennes, allemandes, cachemiriennes, chinoises, arméniennes et géorgiennes. Je vous les présenterai toutes, et vous prendrez celle qui vous plaira davantage. Vous n’avez qu’à me suivre. » En achevant ces paroles, elle marcha devant Couloufe qui la suivit.

Lorsqu’ils furent devant une mosquée, la vieille lui dit : « Ô jeune homme, attendez-moi ici un moment. Je vais revenir. » Il attendit près d’une heure, et il commençait à s’impatienter, mais elle parut avec une fille qui était chargée d’un paquet. Il y avait dedans un voile et un surtout de femme, dont la vieille revêtit Couloufe en lui disant : « Seigneur, nous sommes des gens d’honneur et de bonne famille. Il ne serait pas de la bienséance de recevoir chez nous un étranger. — Ma mère, lui répondit-il, vous n’avez qu’à ordonner. Je ferai tout ce que vous voudrez. » Il se couvrit donc du surtout et se mit le voile sur la tête. Ensuite il accompagna la vieille, qui le mena dans un quartier