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LES MILLE ET UNE NUITS,

je le sacrifierois au Baïram de l’année prochaine.

» Le lendemain matin, mon fermier demanda à me parler en particulier. « Je viens, me dit-il, vous apprendre une nouvelle, dont j’espère que vous me saurez bon gré. J’ai une fille qui a quelque connoissance de la magie. Hier, comme je remenois au logis le veau dont vous n’aviez pas voulu faire le sacrifice, je remarquai qu’elle rit en le voyant, et qu’un moment après elle se mit à pleurer. Je lui demandai pourquoi elle faisoit en même temps deux choses si contraires ? « Mon père, me répondit-elle, ce veau que vous ramenez, est le fils de notre maître. J’ai ri de joie de le voir encore vivant ; et j’ai pleuré en me souvenant du sacrifice qu’on fit hier de sa mère, qui étoit changée en vache. Ces deux métamorphoses ont été faites par les enchantemens de la femme de notre maître, laquelle haïssoit la mère et l’enfant. » « Voilà ce que