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LES MILLE ET UNE NUITS,

panier plein de gravier et de fange. Il en fut dans une extrême affliction. « O fortune, s’écria-t-il d’une voix pitoyable, cesse d’être en colère contre moi, et ne persécute point un malheureux qui te prie de l’épargner ! Je suis parti de ma maison pour venir ici chercher ma vie, et tu m’annonces ma mort. Je n’ai pas d’autre métier que celui-ci pour subsister ; et malgré tous les soins que j’y apporte, je puis à peine fournir aux plus pressans besoins de ma famille. Mais j’ai tort de me plaindre de toi, tu prends plaisir à maltraiter les honnêtes gens, et à laisser de grands hommes dans l’obscurité, tandis que tu favorises les méchans, et que tu élèves ceux qui n’ont aucune vertu qui les rende recommandables. »

En achevant ces plaintes, il jeta brusquement le panier ; et après avoir bien lavé ses filets que la fange avoit gâtés, il les jeta pour la troisième fois. Mais il n’amena que des pierres, des coquilles et de l’ordure. On ne sauroit expliquer quel fut son déses-