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LES MILLE ET UNE NUITS,

mais assez reconnoître les obligations qu’il avoit a un médecin si habile, répandoit sur lui tous les jours de nouveaux bienfaits.

» Or, ce roi avoit un grand-visir qui étoit avare, envieux et naturellement capable de toutes sortes de crimes. Il n’avoit pu voir sans peine les présens qui avoient été faits au médecin, dont le mérite d’ailleurs commençoit à lui faire ombrage ; il résolut de le perdre dans l’esprit du roi. Pour y réussir, il alla trouver ce prince, et lui dit en particulier, qu’il avoit un avis de la dernière importance à lui donner. Le roi lui ayant demandé ce que c’étoit : « Sire, lui dit-il, il est bien dangereux à un monarque d’avoir de la confiance en un homme dont il n’a point éprouvé la fidélité. En comblant de bienfaits le médecin Douban, en lui faisant toutes les caresses que votre majesté lui fait, vous ne savez pas que c’est un traître qui ne s’est introduit dans cette cour que pour vous assassiner. » « De qui tenez-vous ce que vous m’osez dire,