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CONTES ARABES.

vous, mes enfans, je vous amène un garçon bien fait et fort gras ; » et d’autres voix lui répondirent aussitôt : « Maman, où est-il, que nous le mangions tout-à-l’heure ; car nous avons bon appétit ? »

» Le prince n’eut pas besoin d’en entendre davantage, pour concevoir le danger où il se trouvoit. Il vit bien que la dame qui se disoit fille d’un roi des Indes, étoit une ogresse, femme de ces démons sauvages, appelés ogres, qui se retirent dans des lieux abandonnés, et se servent de mille ruses pour surprendre et dévorer les passans. Il fut saisi de frayeur, et se jeta au plus vîte sur son cheval. La prétendue princesse parut dans le moment ; et voyant qu’elle avoit manqué son coup : « Ne craignez rien, cria-t-elle au prince. Qui êtes-vous ? Que cherchez-vous ? » « Je suis égaré, répondit-il, et je cherche mon chemin. » « Si vous êtes égaré, dit-elle, recommandez-vous à Dieu, il vous délivrera de l’embarras où vous vous trouvez. » Alors le prince leva