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LES MILLE ET UNE NUITS,

m’ôter la vie plus subtilement encore que tu ne m’as guéri. » Cependant le médecin, fondant en pleurs, et se plaignant pitoyablement de se voir si mal payé du service qu’il avoit rendu au roi, se prépara à recevoir le coup de la mort. Le bourreau lui banda les yeux, lui lia les mains, et se mit en devoir de tirer son sabre.

» Alors les courtisans qui étoient présens, émus de compassion, supplièrent le roi de lui faire grâce, assurant qu’il n’étoit pas coupable, et répondant de son innocence. Mais le roi fut inflexible, et leur parla de sorte qu’ils n’osèrent lui répliquer.

» Le médecin étant à genoux, les yeux bandés, et prêt à recevoir le coup qui devoit terminer son sort, s’adressa encore une fois au roi : « Sire, lui dit-il, puisque votre majesté ne veut point révoquer l’arrêt de ma mort, je la supplie du moins de m’accorder la liberté d’aller jusques chez moi donner ordre à ma sépulture, dire le dernier adieu à ma fa-