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CONTES ARABES.

rent cuits d’un côté, il les retourna de l’autre. Alors le mur du cabinet s’entr’ouvrit ; mais au lieu de la jeune dame, ce fut un noir qui en sortit. Ce noir avoit un habillement d’esclave ; il étoit d’une grosseur et d’une grandeur gigantesque, et tenoit un gros bâton vert à la main. Il s’avança jusqu’à la casserole, et touchant de son bâton un des poissons, il lui dit d’une voix terrible : « Poisson, poisson, es-tu dans ton devoir » ? À ces mots, les poissons levèrent la tête, et répondirent « Oui, oui, nous y sommes ; si vous comptez, nous comptons ; si vous payez vos dettes, nous payons les nôtres ; si vous fuyez, nous vainquons et nous sommes contens. »

Les poissons eurent à peine achevé ces paroles, que le noir renversa la casserole au milieu du cabinet et réduisit les poissons en charbon. Cela étant fait, il se retira fièrement, et rentra dans l’ouverture du mur, qui se referma et qui parut dans le même état qu’auparavant. « Après ce que