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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Mon cher seigneur, s’écria-t-elle, ne me trompé-je pas ? Est-il bien vrai que je vous entends, et que vous me parlez ? » « Malheureuse, reprit le sultan, es-tu digne que je réponde à tes discours ? » « Hé pourquoi, répliqua la reine, me faites-vous ce reproche ? » « Les cris, repartit-il, les pleurs et les gémissemens de ton mari, que tu traites tous les jours avec tant d’indignité et de barbarie, m’empêchent de dormir nuit et jour. Il y a long-temps que je serois guéri, et que j’aurois recouvré l’usage de la parole, si tu l’avois désenchanté : voilà la cause de ce silence que je garde, et dont tu te plains. » « Hé bien, dit la magicienne, pour vous apaiser je suis prête à faire ce que vous me commanderez : voulez-vous que je lui rende sa première forme ? » « Oui, répondit le sultan, et hâte-toi de le mettre en liberté, afin que je ne sois plus incommodé de ses cris. »

La magicienne sortit aussitôt du Palais des larmes. Elle prit une tasse d’eau, et prononça dessus des paroles