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CONTES ARABES.

qui la firent bouillir comme si elle eût été sur le feu. Elle alla ensuite à la salle où étoit le jeune roi son mari ; elle jeta de cette eau sur lui, en disant : « Si le Créateur de toutes choses t’a formé tel que tu es présentement ou s’il est en colère contre toi, ne change pas ; mais si tu n’es dans cet état que par la vertu de mon enchantement, reprends ta forme naturelle, et redeviens tel que tu étois auparavant. » À peine eut-elle achevé ces mots, que le prince se retrouvant en son premier état, se leva librement, avec toute la joie qu’on peut s’imaginer, et il en rendit grâces à Dieu. La magicienne reprenant la parole : « Va, lui dit-elle, éloigne-toi de ce château, et n’y reviens jamais, ou bien il t’en coûtera la vie. »

Le jeune roi, cédant à la nécessité, s’éloigna de la magicienne, sans répliquer, et se retira dans un lieu écarté, où il attendit impatiemment le succès du dessein dont le sultan venoit de commencer l’exécution avec tant de bonheur.