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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/27

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SUR LES ROMANS.

nations ont rapportées à leur manière : l’histoire de Phèdre et celle de Circé y sont très-aisées à reconnoître ; plusieurs endroits ressemblent aussi à des traits historiques des livres juifs. Cette aventure de Joseph, la plus touchante peut-être que l’antiquité nous ait transmise, cet emblème de l’envie qui anime des frères contre un frère, se retrouve aussi en partie dans les Contes Arabes. Ce n’est pas qu’on puisse faire beaucoup de cas de la manière dont ces Contes sont amenés. On sait que l’aventure de Joconde sert de fondement aux Mille et une Nuits, et que le sultan Schahriar, irrité de l’infidélité de sa sultane, prend le parti de faire étrangler, le matin, sa nouvelle épouse de la veille. Le moyen est violent ; mais enfin la fille de son visir parvient à faire cesser ces noces meurtrières, et à sauver sa propre vie en amusant le sultan par des contes. On peut croire que Schahriar aimoit mieux les contes que les femmes, et qu’il étoit à-peu-près aussi raisonnable dans sa clémence que dans sa cruauté. Il faut pourtant avouer que