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DISSERTATION

qu’on ne les apprécie, et à faire de la servitude politique un dévouement religieux : voilà ce qu’on voit à tout moment dans leurs livres ; et peut-être ce mépris d’eux-mêmes tient en partie à ce dogme de la fatalité, qui semble de tout temps enraciné dans les têtes orientales. Il revient dans toutes leurs fables, dont le fond est presque toujours un passage rapide de l’excès du malheur au faîte des prospérités, et de l’ivresse de la joie au comble de l’affliction. Il semble qu’ils n’aient eu pour objet que de nous apprendre à quel point nous sommes assujétis à cette destinée éternelle, écrite sur la table de lumière.

Les Mille et une Nuits sont une sorte de peinture dramatique de la nation arabe. Les artifices de leurs femmes, l’hypocrisie de leurs religieux, la corruption des gens de loi, les friponneries des esclaves, tout y est fidellement représenté, et beaucoup mieux que ne pourroit faire le voyageur le plus exact. On y trouve aussi beaucoup de traditions antiques, que plusieurs