Aller au contenu

Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
CONTES ARABES.

sion basse et pénible, ne laissoit pas d’être homme d’esprit et de bonne humeur. Un matin qu’il étoit à son ordinaire avec un grand panier à jour près de lui, dans une place où il attendoit que quelqu’un eût besoin de son ministère, une jeune dame de belle taille, couverte d’un grand voile de mousseline, l’aborda, et lui dit d’un air gracieux : « Écoutez, porteur, prenez votre panier, et suivez-moi » Le porteur, enchanté de ce peu de paroles prononcées si agréablement, prit aussitôt son panier, le mit sur sa tête, et suivit la dame, en disant : « Ô jour heureux ! ô jour de bonne rencontre ! »

D’abord, la dame s’arrêta devant une porte fermée, et frappa. Un Chrétien vénérable par une longue barbe blanche, ouvrit, et elle lui mit de l’argent dans la main, sans lui dire un seul mot. Mais le Chrétien, qui savoit ce qu’elle demandoit, rentra, et peu de temps après, apporta une grosse cruche d’un vin excellent. « Prenez cette cruche, dit la dame au