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LES MILLE ET UNE NUITS,

vint ouvrir la porte, lui parut si belle, qu’il en demeura tout surpris ; ou plutôt il fut si vivement frappé de l’éclat de ses charmes, qu’il en pensa laisser tomber son panier avec tout ce qui étoit dedans, tant cet objet le mit hors de lui-même. Il n’avoit jamais vu de beauté qui approchât de celle qu’il avoit devant les yeux.

La dame qui avoit amené le porteur, s’aperçut du désordre qui se passoit dans son ame, et du sujet qui le causoit. Cette découverte la divertit ; et elle prenoit tant de plaisir à examiner la contenance du porteur, qu’elle ne songeoit pas que la porte étoit ouverte. « Entrez donc, ma sœur, lui dit la belle portière, qu’attendez-vous ? Ne voyez-vous pas que ce pauvre homme est si chargé, qu’il n’en peut plus ? »

Lorsqu’elle fut entrée avec le porteur, la dame qui avoit ouvert la porte, la ferma ; et tous trois, après avoir traversé un beau vestibule, passèrent dans une cour très-spacieuse, et environnée d’une galerie à jour, qui