Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxvj
ÉPÎTRE

ment comme à mon bienfaiteur, mais encore comme au génie le plus capable de goûter et de faire estimer aux autres les belles choses. Qui peut ne se pas souvenir de l’extrême justesse avec laquelle il jugeoit de tout ? Ses moindres pensées toujours brillantes, ses moindres expressions toujours précises et délicates, faisoient l’admiration de tout le monde ; et jamais personne n’a joint ensemble tant de grâces et tant de solidité. Je l’ai vu dans un temps où, tout occupé du soin des affaires de son maître, il sembloit ne pouvoir montrer au-dehors que les talens du ministère, et sa profonde capacité dans les négociations les plus épineuses ; cependant toute la gravité de son emploi ne pouvoit rien diminuer de ses agrémens inimitables, qui avoient fait le charme de ses amis, et qui se faisoient sentir même aux nations les plus barbares avec qui ce grand homme