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LES MILLE ET UNE NUITS,

indigne de porter ce nom, aima sa sœur dès ses premières années, et que sa sœur l’aima de même. Je ne m’opposai point à leur amitié naissante, parce que je ne prévoyois pas le mal qui en pourroit arriver. Et qui auroit pu le prévoir ? Cette tendresse augmenta avec l’âge, et parvint à un point, que j’en craignis enfin la suite. J’y apportai alors le remède qui étoit en mon pouvoir. Je ne me contentai pas de prendre mon fils en particulier, et de lui faire une forte réprimande, en lui présentant l’horreur de la passion dans laquelle il s’engageoit, et la honte éternelle dont il alloit couvrir ma famille, s’il persistoit dans des sentimens si criminels ; je représentai les mêmes choses à ma fille, et je la renfermai de sorte, qu’elle n’eut plus de communication avec son frère. Mais la malheureuse avoit avalé le poison, et tous les obstacles que put mettre ma prudence à leur amour, ne servirent qu’à l’irriter. Mon fils, persuadé que sa sœur étoit toujours la