Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
372
LES MILLE ET UNE NUITS,

habile que les autres, ils voulurent m’arracher le rouleau des mains ; mais le capitaine prit encore mon parti. « Laissez-le faire, dit-il : qu’il écrive. S’il ne fait que barbouiller le papier, je vous promets que je le punirai sur-le-champ ; si au contraire il écrit bien, comme je l’espère, car je n’ai vu de ma vie un singe plus adroit et plus ingénieux, ni qui comprit mieux toutes choses, je déclare que je le reconnoîtrai pour mon fils. J’en avois un qui n’avoit pas à beaucoup près tant d’esprit que lui. »

» Voyant que personne ne s’opposoit plus à mon dessein, je pris la plume et ne la quittai qu’après avoir écrit six sortes d’écritures usitées chez les arabes ; et chaque essai d’écriture contenoit un distique ou un quatrain impromptu à la louange du sultan. Mon écriture n’effaçoit pas seulement celle des marchands, j’ose dire qu’on n’en avoit point vue de si belle jusqu’alors en ce pays-là. Quand j’eus achevé, les officiers prirent le rouleau, et le portèrent au sultan…