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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Le vieillard ne demeura pas long-temps assis ; il se leva et sortit ; mais il revint quelques momens après, apportant le souper des dix seigneurs, auxquels il distribua à chacun sa portion en particulier. Il me servit aussi la mienne, que je mangeai seul à l’exemple des autres ; et sur la fin du repas, le même vieillard nous présenta une tasse de vin à chacun.

» Mon histoire leur avoit paru si extraordinaire, qu’ils me la firent répéter à l’issue du souper, et elle donna lieu à un entretien qui dura une grande partie de la nuit. Un des seigneurs, faisant réflexion qu’il étoit tard, dit au vieillard : « Vous voyez qu’il est temps de dormir, et vous ne nous apportez pas de quoi nous acquitter de notre devoir. » À ces mots, le vieillard se leva, et entra dans un cabinet, d’où il apporta sur sa tête dix bassins l’un après l’autre, tous couverts d’une étoffe bleue. Il en posa un avec un flambeau devant chaque seigneur.

» Ils découvrirent leurs bassins,