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LES MILLE ET UNE NUITS,

re de se coucher fut venue, elles me prièrent encore de choisir une d’entr’elles pour me tenir compagnie. Enfin, madame, pour ne vous point ennuyer en répétant toujours la même chose, je vous dirai que je passai une année entière avec les quarante dames, en les recevant dans mon lit l’une après l’autre, et que pendant tout ce temps-là cette vie voluptueuse ne fut point interrompue par le moindre chagrin.

» Au bout de l’année (rien ne pouvoit me surprendre davantage), les quarante dames, au lieu de se présenter à moi avec leur gaieté ordinaire, et de me demander comment je me portois, entrèrent un matin dans mon appartement les joues baignées de pleurs. Elles vinrent m’embrasser tendrement l’une après l’autre, en me disant : « Adieu, cher prince, adieu, il faut que nous vous quittions. » Leurs larmes m’attendrirent. Je les suppliai de me dire le sujet de leur affliction et de cette séparation dont elles me parloient. « Au nom de Dieu,