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CONTES ARABES.

ses femmes, et il n’oublia pas Masoud. « Après avoir été témoin de ces infamies, continua-t-il, je pensai que toutes les femmes y étoient naturellement portées, et qu’elles ne pouvoient résister à leur penchant. Prévenu de cette opinion, il me parut que c’étoit une grande foiblesse à un homme d’attacher son repos à leur fidélité. Cette réflexion m’en fit faire beaucoup d’autres ; et enfin je jugeai que je ne pouvois prendre un meilleur parti que de me consoler. Il m’en a coûté quelques efforts ; mais j’en suis venu à bout ; et, si vous m’en croyez, vous suivrez mon exemple. »

Quoique ce conseil fût judicieux, le sultan ne put le goûter. Il entra même en fureur. « Quoi ! dit-il, la sultane des Indes est capable de se prostituer d’une manière si indigne ! Non, mon frère, ajouta-t-il, je ne puis croire ce que vous me dites, si je ne le vois de mes propres yeux. Il faut que les vôtres vous aient trompé ; la chose est assez impor-