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LES MILLE ET UNE NUITS,

votre conte est merveilleux ! » « La suite en est encore plus surprenante, répondit Scheherazade, et vous en tomberiez d’accord, si le sultan vouloit me laisser vivre encore aujourd’hui et me donner la permission de vous la raconter la nuit prochaine. » Schahriar, qui avoit écouté Scheherazade avec plaisir, dit en lui-même : « J’attendrai jusqu’à demain ; je la ferai toujours bien mourir quand j’aurai entendu la fin de son conte. » Ayant donc pris la résolution de ne pas faire ôter la vie à Scheherazade ce jour-là, il se leva pour faire sa prière et aller au conseil.

Pendant ce temps-là le grand-visir étoit dans une inquiétude cruelle. Au lieu de goûter la douceur du sommeil, il avoit passé la nuit à soupirer et à plaindre le sort de sa fille, dont il devoit être le bourreau. Mais si dans cette triste attente il craignoit la vue du sultan, il fut agréablement surpris, lorsqu’il vit que ce prince entroit au conseil,