Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/114

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vre avec la frayeur que vous pouvez vous imaginer, sans oser nous mettre en défense, ni leur dire un seul mot, pour tâcher de les détourner de leur dessein, que nous soupçonnions d’être funeste. Effectivement, ils déplièrent les voiles, coupèrent le câble de l’ancre sans se donner la peine de la retirer ; et après avoir fait approcher de terre le vaisseau, ils nous firent tous débarquer. Ils emmenèrent ensuite le navire dans une autre isle d’où ils étoient venus. Tous les voyageurs évitoient avec soin celle où nous étions alors ; et il étoit très-dangereux de s’y arrêter pour la raison que vous allez entendre ; mais il nous fallut prendre notre mal en patience.

» Nous nous éloignâmes du rivage, et en nous avançant dans l’île, nous trouvâmes quelques fruits et des herbes dont nous mangeâmes, pour prolonger le dernier moment de notre vie le plus qu’il nous étoit possible ; car nous nous attendions tous à une mort certaine. En marchant, nous aperçûmes assez loin de nous un grand édifi-