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CONTES ARABES.

vres, vous n’êtes pas coupable du crime pour lequel vous êtes ici. Retirez-vous, et me laissez expier la mort de la dame qui a été jetée dans le Tigre. C’est moi qui suis son meurtrier, et je mérite d’en être puni. »

Quoique ce discours causât beaucoup de joie au visir, il ne laissa pas d’avoir pitié du jeune homme dont la physionomie, au lieu de paroître sinistre, avoit quelque chose d’engageant ; et il alloit lui répondre, lorsqu’un grand homme d’un âge déjà fort avancé, ayant aussi fendu la presse, arriva, et dit au visir : « Seigneur, ne croyez rien de ce que vous dit ce jeune homme : nul autre que moi n’a tué la dame qu’on a trouvée dans le coffre ; c’est sur moi seul que doit tomber le châtiment. Au nom de Dieu, je vous conjure de ne pas punir l’innocent pour le coupable. » « Seigneur, reprit le jeune homme, en s’adressant au visir, je vous jure que c’est moi qui ai commis cette méchante action, et que personne au monde n’en est compli-