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LES MILLE ET UNE NUITS,

ce. » « Mon fils, interrompit le vieillard, c’est le désespoir qui vous a conduit ici, et vous voulez prévenir votre destinée ; pour moi, il y a long-temps que je suis au monde, je dois en être détaché. Laissez-moi donc sacrifier ma vie pour la vôtre. Seigneur, ajouta-t-il, en s’adressant au grand visir, je vous le répète encore, c’est moi qui suis l’assassin : faites-moi mourir, et ne différez pas. »

La contestation du vieillard et du jeune homme obligea le visir Giafar à les mener tous deux devant le calife, avec la permission de l’officier chargé de présider à cette terrible exécution, qui se faisoit un plaisir de le favoriser. Lorsqu’il fut en présence de ce prince, il baisa la terre par sept fois, et parla de cette manière : « Commandeur des croyans, j’amène à votre majesté ce vieillard et ce jeune homme, qui se disent, tous deux séparément, meurtriers de la dame. » Alors le calife demanda aux accusés, qui des deux avoit massacré la dame si cruellement, et l’avoit jetée dans le